Au départ de St-Pierre-Le-Viger, l'ancienne gare côté quais. |
L'automne arrive. Une période propice pour parcourir d'anciennes lignes transformées en véloroutes, mais qui ont eu la sagesse de conserver certains bâtiments en modifiant a minima leur architecture.
Aujourd'hui, nous vous proposons de parcourir l'ancienne section de ligne transversale St-Vaast/ Dieppe. Les petites lignes implantées à proximité des côtes normandes n'ont rien à envier aux antennes balnéaires bretonnes en matière de pittoresque. Elles ont même, généralement, un profil nettement plus difficile ! Bâtiments et installations sont typiques de l'ancienne Compagnie de l'Ouest.
C'est en 1898 qu'est mise en service la ligne à voie normale St-Vaast/ Dieppe. La voie alterne entre zones de plaine et profondes vallées dont le franchissement nécessite un profil accidenté et sinueux. Elle traverse la campagne du pays de Caux où la culture du lin représente 50 % de la production mondiale. Cette particularité a forgé le nom de baptême de la voie verte : Véloroute du lin. Le trafic voyageurs avait été supprimé très tôt, dès le 2 octobre 1938. Le trafic des marchandises a été abandonné progressivement par tronçons à la fin du XXe siècle.
Réalisée par le département de la Seine-Maritime, cette superbe voie verte est longue de 27 km. Sa chaussée est entièrement revêtue d'enrobé. Actuellement, la véloroute débute non pas à St-Vaast mais à St-Pierre-le-Viger Fontaine-le-Dun, une très accueillante petite gare (vastes parkings, sanitaires). En effet, venant de St-Vaast, peu avant St-Pierre, est implantée l'usine de la Sucrerie de Fontaine-le-Dun et ce site industriel n'était pas propice à une traversée par une voie verte ! Autrefois, l'usine de la Sucrerie de Fontaine-le-Dun était un EP (Pk28) qui avait racheté à la SNCF, en 1951, la locomotive à vapeur 3-030 TA 686. pour ses manœuvres internes. La même entreprise sucrière possédait aussi un EP à l'entrée de la gare de St-Valéry-en-Caux.
Départ donc de St-Pierre-le-Viger (Pk. 27.4). BV comme l'édicule d'aisance sont du plus pur style Ouest. Notez que le BV est devenu la mairie de la commune mais son style est remarquablement bien conservé. La halle aux marchandises n'existe plus, remplacée par des salles liées aux activités de la commune.
Dans les années 1950, la gare comporte une voie d'évitement et trois voies attribuées au marchandises, l'une épousant les limites de la cour de débord. Toutes sont raccordées à la voie unique aux deux bouts.
Par contre, il y a ce hangar, très typique des bâtiments d'entreposage employés autrefois par les coopératives et les entreprises agricoles dans un grand nombre de gares de l'Ouest de la France.
Le carnet de profils et schémas de la région Ouest édition de 1957 montre que le bordure perpendiculaire en pierre du quai haut (voir photo du haut) était longé par un tronçon de voie accessible par une petite plaque tournante de gare, mais était-il encore utilisé alors et pour quels wagons?
En quittant St-Pierre, on rencontre cette maison de garde (PN 26), là aussi, caractéristique de l'architecture ferroviaire de l'Ouest. La gare suivante est au Pk. 22 et ce premier parcours est en rampes allant de 10 à 20 °/°°.
Un mot sur la traction : à la fin du service voyageurs, les trois omnibus quotidiens sont remorqués par des locomotives-tender du dépôt de Fécamp, notamment des 3-131 TA et - surtout, car cela va intéresser les modélistes ! - des 3-131 TB tant de la série badoise (901 à 915) que de la série saxonne (916 à 923).
Beaucoup de maisons de garde de PN ont été transformées et surtout agrandies. Je me suis limité aux bâtiments les plus authentiques, tel ce PN 23.
Au Pk.22, voici la gare de Luneray. Attention, la véloroute l'évite mais une voie de contournement en chaussée partagée la contourne pour finalement passer juste à côté. Un court tronçon de rue à remonter et nous voilà devant la BV style "5 portes". Autrefois, la gare comprenait, outre la voie unique, une voie d'évitement et trois voies de service.
Face au BV de Luneray, en regardant à droite vous comprenez les raisons de l'interruption de la véloroute : une usine agroalimentaire ancienne jouxte l'emprise ferroviaire.
L'usine est vaste et son style ancien la rend fort intéressante pour les modélistes.
Pk18 : gare de Gueures-Brachy ici côté quai avec l'édicule d'aisance toujours debout. Cette gare, sans doute modeste, comportait néanmoins quatre voies parallèles, mais son emprise a été aliénée dans le sens de la largeur par des installations électriques.
Des variantes de détails sur cette maison de garde du PN 16.
Peu après avoir quitté Ouville, le PN 13 nous montre son accès latéral et son appentis. Nous sommes alors dans une rampe longue de 7 km dont l'inclinaison varie de 10 à 20 °/°°. A partir des années 1950, les 3-140 C s'emparent de la plupart des dessertes marchandises avant qu'elles soient reprises, dans les années 1960, par des locomotives diesel 040 DG / BB 66000.
Cette fois, c'est parti pour une descente de 4 km en déclivité de 20 °/°° (qu'il faudra remonter pour rentrer!) jusqu'à Petit Appeville (Pk.3.7) , petite station aux portes de Dieppe. Nous n'irons pas plus loin, la véloroute s'arrête là, car, autrefois, la ligne que nous venons de parcourir rejoignait celle arrivant de Rouen (et celle-ci existe toujours!) et s'y imbriquait pour s'engager dans le souterrain de St. Pierre (1654 m) avant d'entrer en gare de Dieppe.
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