mardi 26 décembre 2023

De Saint-Pons à Bédarieux


 










Dans le numéro 127 de Ferrovissime, en kiosque fin décembre, un article est consacré aux autorails de la Région Méditerranée dans lequel il est question des FNC et des Unifiés 150 ch affectés au Centre autorails de Montpellier. En observant les roulements de ces engins, on remarque une liaison qui bénéficie, dans les années 1950/60, des compositions les plus chargées : Montpellier/Paulhan / Bédarieux / St Pons. En fait, c'est une section d'un itinéraire bien plus long qui continue, au-délà de St Pons, sur Castres. A l'exception de Castres/Mazamet qui voit circuler 6 TER quotidiens, toutes ces relations ont, aujourd'hui, abandonné la voie ferrée pour devenir une voie verte parcourable à pied ou en bicyclette. 

En novembre 2023, j'ai eu l'occasion d'emprunter l'ancienne ligne de St Pons à Bédarieux, histoire de me mettre dans la peau des voyageurs qui empruntaient autrefois les FNC et les U150. D'emblée, on peut le dire : les paysages du Haut-Languedoc sont ma-gni-fiques, même sous le ciel d'un automne très "hivernal" ! 

Nous partons donc de St Pons, sous-préfecture de l'Hérault. Le BV a été vendu à un particulier : c'est écrit dessus ! 


Si les volets du bâtiment sont fermés, la cloche électrique, le support de l'horloge et les pancartes sont toujours présentes sur l'ancien côté voies. On note la vaste emprise qui recevait autrefois le faisceau de voies et qui est, actuellement, un grand parking. 

Une cloture rend difficile l'observation globale du BV. 

La halle, pour sa part, est louée et conserve une activité qui n'a plus rien de ferroviaire. 

Côté Castres, les limites de la gare arrivent rapidement sur un tunnel. Nous verrons ce côté une autre fois. Partons en direction de Bédarieux. 

























La ligne est tracée pour l'essentiel à flanc de côteaux. Les traces du passé ferroviaire sont nombreuses, entre ponceaux et maisons de gardes de PN.












Enchaînant des déclivités de 15 °/°°, nous traversons plusieurs tunnels munis d'un éclairage à allumage d'approche : Pradels, Gaillergues, Artenac et le plus long : Riols (165 m). 








Le BV de Riols, vendu à des particuliers qui l'ont totalement cloturé, est impossible à photographier. Profitons-en pour parler de la ligne. 

A l'origine, la juxtaposition de sections de lignes du PLM et de la Compagnie du Midi avait été conçue pour relier Montpellier et Toulouse.









Passé Riols, les vestiges ferroviaires deviennent plus nombreux. Certaines maisons de garde comportant une annexe ont peut-être été utilisées comme halte. Et il reste encore des pancartes "S" (sifflez!). Dès le milieu des années 1950, la traction diesel s'empare des dessertes marchandises de la ligne. Dans les années 1970, c'est le locotracteur Y 7400 de Bédarieux qui vient livrer et enlever les wagons jusqu'à St Pons. Côté "voyageurs", le n°127 de Ferrovivissime vous parle des trois mouvements quotidiens engagés sur cette section avec des FNC puis des U150. Ces omnibus sont complétés par une liaison directe Toulouse/ Montpellier via Castres, St Pons et Bédarieux, confiée à un X 2800 (à l'époque rouge et crème) toulousain. Mais l'ensemble des dessertes voyageurs est transféré sur route au service d'été 1972.














Peu avant St Etienne d'Albagnan, l'actuelle voie verte, sécurisée, s'écarte de l'ancienne voie ferrée. Il faut éviter un ouvrage rongé par la rouille et des glissements de terrain qui ont touché l'ancienne plateforme. Pour photographier la gare de St Etienne d'Albagnan, pas d'autre solution que de quitter la voie verte. Le jeu en vaut la chandelle tant la visite de l'ancienne gare, devenue actuellement un restaurant, est intéressante. Le BV est à deux portes et comprend un mini-halle accolée.















On récupère la voie verte peu après avoir quitté St Etienne. L'étape suivante nous amène à Olargues, superbe village aux maisons étagées sur plusieurs niveaux parcourus par des rues étroites. La gare, avec son long BV au crépis saumon, et l'un de ces établissements qui donnent l'envie de les reproduire en modélisme tant l'environnement est harmonieux

















La gare marquante qui suit Olargues est Mons-la-Trivalle qui desservait le site hautement touristique des Gorges d'Héric. Si la maison de garde du PN implantée à l'entrée de l'ancien établissement offre un certain charme, le BV, pour sa part, a perdu toute authenticité en raison des annexes bâties pour son nouvel usage de gites. Côté Bédarieux, Mons-le-Trivalle comportait un EP dédié probablement à des produits chimiques. Il semble qu'à la fin des années 1970, cet EP ne recevait déjà plus des wagons et les installations sont dans un état de délabrement absolu













Passant Le Poujol, nous arrivons, après avoir franchi un viaduc, dans une gare qui a connu la célébrité au début du XXe siècle : Lamalou-les-Bains. Pensez-donc, cette station thermale était desservie par des voitures directes Paris/ Lamalou détachées du Barcelone-Express à St Sulpice-sur-Tarn. Ces voitures étaient acheminées ensuite, sur la ligne que nous parcourons en vélo, par des 221 Midi. Aujourd'hui, modifié pour accueillir des groupes, le BV conserve encore une superbe marquise en fonte, hélas inaccessible et non-photographiable en raison de la cloture bâtie du côté où se trouvaient les voies. Par contre, le côté cour conserve une belle authenticité. On note que malgré sa halle accolée, ce BV présente des dimensions nettement supérieures aux autres BV de la ligne. 




Après Lamalou, nous arrivons à Bédarieux, gare importante de la ligne électrifiée Béziers/Neussargues. L'extérieur du BV en impose. 






L'intérieur du BV a été refait à neuf. Souhaitons que ce soit un gage pour le maitien en service de cet établissement. 





La vaste verrière qui couvre les voies devant le BV est typique des gares du sud de la France. 





A quai, pas de FNC ni de U150 mais cette automotrices Z 27500 (ZGC) en attente de départ pour Béziers. 






Pas de passage souterrain à Bédarieux mais un passage aménagé notamment pour les personne à mobilité réduite. 






Il faut maintenant rentrer à St Pons. Depuis plus d'un demi-siècle, le guichet de Bédarieux ne délivre plus de billet pour emprunter FNC ou U150. Et c'est donc en vélo qu'il faudra remonter, dans ce sens, les déclivités devenues rampes de 15 °/°.°.



Texte et photos : Jehan-Hubert Lavie


















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