Le terminus de Giromagny il y a 25 ans. A l'époque, le ballast règne déjà sur cette antenne. / photo Jean Florin
En lisant, dans Ferrovissime n°48 en page 55, l'article consacré à la reprise de trafic sur la petite ligne de Giromagny par InfraRail, vous avez été, forcément, très étonné par le plan de voies de la gare de Bas-Evette (centre de la page 56) , où est implantée la bifurcation entre la ligne 4 Paris/Mulhouse et l'antenne à voie unique. Car il est vrai que d'avoir tracé la voie de départ de la petite ligne dans la cour de la gare (donc, côté "rue", là où se garent taxis et automobiles) et non pas sur le faisceau de voies, est déjà une situation peu banale, surtout pour la voie normale d'un grand réseau épris de rigueur - l'Est - puis la SNCF. Mais ce n'est pas l'unique élément original de cette ligne peu connue. Vous imaginez sans doute qu'une desserte aussi courte (7,2 km) et modeste, ouverte en 1883, a été le royaume des locomotives 030 ? Exact au début ! Mais aux lendemains de la Première Guerre mondiale, la livraison au dépôt de Belfort de Mikado-tender 4400 Est (futures SNCF 1-141 TB) incite le service de la Traction à inscrire la ligne de Giromagny dans le roulement de ces nouvelles machines - bien volumineuses pour une telle desserte!
A la création de la SNCF, en 1938, la desserte de Giromagny est partagée entre des 1-131 TB, des 1-130A et 1-130 B - ces 130 B dont vous pouvez découvrir de nombreuses photos prises autour de Gray dans le N°48 de Ferrovissime. Notez que ce partage entre 1-131 TB et 1-1310 B a été fréquent sur de nombreuses petites lignes de l'Est, notamment pour des dessertes affermées aux CFTA.
Mais revenons à Giromagny pour énoncer une dernière fantaisie de son exploitation. Peu après sa création, la SNCF abandonne le service "voyageurs" qui fait l'objet d'une substitution à un transporteur routier - la STABE, filiale du groupe Verney. Mal lui en prit car pneus, essence, huile, tout manque, durant l'occupation, pour faire circuler un car sur la route. Une décision sidérante est prise alors : le transporteur routier STABE fait habiliter ses conducteurs de cars à la conduite ferroviaire. Puis il loue, au centre autorails de Besançon, des Renault ABJ qui assurent donc le service "voyageurs" sur Giromagny jusqu'aux mois qui suivent la Libération.
Il est habituel de voir un conducteur de car venir chercher ses voyageurs dans la cour d'une gare ; mais il n'est pas banal que ce soit aux commandes d'un... autorail !
Jehan-Hubert Lavie
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